Opinion

Plus de touristes, plus de richesse

Un appel au gouvernement du Canada

Ça y est : la saison touristique de tous les espoirs commence ces jours-ci au Canada, avec la tenue de la Semaine du tourisme, du 28 mai au 3 juin, et le déploiement des premiers grands événements et festivals partout, en cette année du 150anniversaire de la Confédération et du 375anniversaire de Montréal.

Il y a longtemps que l’alignement des astres n’a pas été aussi favorable à notre destination – que le New York Times et Lonely Planet placent au sommet de leur palmarès annuel – pour qu’elle attire plus de touristes internationaux que jamais. Si le gouvernement fédéral a agi résolument en faveur de l’industrie depuis 2015, il peut et doit faire davantage afin de saisir la plus grande part de marché possible, un «  gâteau  » qui grossit littéralement à vue d’œil sur la planète entière et dont on doit avoir la plus grosse part possible.

Il y a désormais chaque année plus de 1 milliard de touristes internationaux qui sillonnent le monde à la recherche de dépaysement et de nouvelles expériences.

L’Organisation mondiale du tourisme prévoit qu’ils seront 1,8 milliard en 2030, ce qui représente une croissance annuelle moyenne de 3,3 %. En 2016, le Canada a accueilli près de 20 millions de visiteurs étrangers, un sommet depuis 14 ans, ce qui pourrait lui faire gagner quelques positions dans le top 20 des destinations internationales, lui qui ne pouvait faire mieux que le 18rang en 2015.

Intervention pertinente 

Cette hausse est le résultat d’une conjoncture favorable, certes, mais aussi de l’intervention du gouvernement du Canada, qui a cessé d’exiger des visas auprès de certaines clientèles et a réinvesti dans Destination Canada, notamment pour que l’organisme puisse convaincre les Américains de venir en plus grand nombre. De notre point de vue, cet effort du côté du marketing et de l’accès doit être assorti d’un effort sur le plan du développement de l’offre touristique, du «  produit  » que nous offrons aux touristes.

À l’occasion du lancement de la saison, Festivals et événements majeurs (FAME) invite le gouvernement fédéral à faire un pas de plus afin de favoriser la venue de touristes internationaux et générer des retombées, en créant cette fois un programme dédié à la croissance de ces grands rendez-vous que sont, par exemple, le BluesFest d’Ottawa, le Festival international de jazz de Montréal, Juste pour rire, le Festival international de jazz de Vancouver et le Festival d’été de Québec, établis dans la plupart des provinces. À cette fin, il suggère de rendre pérenne une partie du budget alloué au 150anniversaire.

En plus d’avoir un impact social et culturel positif, les festivals et événements constituent de véritables produits d’appel pour la destination, en concrétisant de vagues intentions de voyage au Canada en dates à ne pas manquer. En 2009, on estimait qu’un groupe de 15 grands événements généraient à eux seuls plus de 1 milliard de dollars de dépenses et la création de 650 millions de dollars au PIB du pays.

Il est aussi établi depuis que chaque dollar investi par les gouvernements dans les festivals en procure deux et demi sous forme de fiscalité et de parafiscalité.

Nombreux sont les festivals et événements qui comptent parmi leur assistance plus de 10 % de festivaliers de l’extérieur du pays. L’exemple d’Osheaga, dont plus des deux tiers des participants viennent de l’extérieur du Québec, est éloquent et à reproduire partout au Canada.

Ailleurs, différents ordres de gouvernement ont compris l’importance de miser sur les festivals et les événements, qui constituent de plus en plus un phénomène social mondial, en même temps qu’un créneau touristique important, comme en témoigne le succès de Coachella en Californie, de Tomorrowland en Belgique ou encore celui de SXSW, au Texas. Cet État investit annuellement à lui seul près de 40 millions dans un fonds pour les événements, alors que la Ville d’Austin consent plus de 12 millions.

Le fédéral se fait attendre

Ici, le Québec et l’Ontario ont récemment annoncé des réinvestissements, faisant chacun passer l’enveloppe de leur programme à plus de 20 millions, mais depuis la fin du Programme de manifestations touristiques de renom en 2010, c’est la participation du gouvernement fédéral qui se fait attendre. Via Patrimoine canadien et les agences de développement économique, le Canada subventionne indirectement à hauteur de 4 % un secteur qui est proportionnellement financé davantage par les gouvernements français, suédois et irlandais, pour ne nommer que ceux-ci. Au Royaume-Uni, la part des revenus publics des membres de la British Arts Festival Association atteint même 28 %.

La Conférence canadienne des ministres du Tourisme évalue déjà la possibilité de collaborer en ce qui a trait à cette industrie importante, mais fragile. Afin de permettre aux festivals et événements canadiens d’être plus attrayants et compétitifs sur la scène internationale, d’offrir un «  produit  » de plus grande qualité et une expérience améliorée à leur clientèle, FAME invite le gouvernement à intervenir avec diligence.

* FAME représente 22 festivals et événements majeurs au Canada alors que le RÉMI en compte 27 au Québec.

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